de Samuel Maoz

Michael et Dafna, mariés depuis 30 ans, mènent une vie heureuse à Tel Aviv. Leur fils aîné Yonatan effectue son service militaire sur un poste frontière, en plein désert. Un matin, des soldats sonnent à la porte du foyer familial. Le choc de l’annonce va réveiller chez Michael une blessure profonde, enfouie depuis toujours. Le couple est bouleversé. Les masques tombent.

Langue
V.O sous-titrée français
Genre
Drame, Guerre
Pays
France, Israël, Allemagne, Suisse
Année
2018
Réalisateur
Samuel Maoz
Acteurs
Lior Ashkenazi, Sarah Adler, Yonaton Shiray
Durée
113 Minutes

NOTRE AVIS

« Film en trois temps. 

Premier temps l’annonce : Un architecte, Michael, et son épouse, Dafna, vivent à l’aise dans un grand appartement, ils ont un fils qui accomplit son service militaire (nous sommes en Israël), et une fille plus jeune qui passe voir ses parents de temps en temps… On frappe à la porte, un militaire vient leur annoncer la mort de leur fils, tué. Contraste entre l’émotion fulgurante qui frappe les parents et le professionnaliste froid des militaires qui appliquent « le protocole » : injection d’un calmant pour la mère qui s’est évanouie, offre d’une présence permanente en soutien, visite d’un médecin d’un psychologue, prise en charge des frais d’obsèques, etc… Le père veut se rendre sur les lieux pour comprendre ce qui est arrivé…

Deuxième temps, le lieu où le fils Yonathan a trouvé la mort : une route en plein désert, un check-point avec barrière, un château d’eau dont le réservoir éventré sert de perchoir sur lequel est placé un projecteur puissant, une carcasse de fourgon rouillé qui sert de dortoir, de bureau, de cantine. La route est si peu fréquentée que les militaires s’ennuient. Yonathan quant à lui dessine une sorte de bande dessinée sur un petit carnet. Trois contrôles nocturnes, les deux premiers assez musclés, le dernier dramatique. Il n’y a guère qu’un chameau qui passe de temps en temps à qui on lève la barrière sans lui demander ses papiers… Le dernier véhicule contrôlé occupé par trois jeunes palestiniens est criblé de balles à la suite d’une erreur d’appréciation des militaires. A nouveau le protocole militaire s’applique, la route est provisoirement bloquée, le temps qu’on fasse venir un bulldozer pour enterrer très profondément la voiture et ses occupants. Un officier viendra ensuite dire la vérité officielle sur cette bavure : « il ne s’est rien passé, on n’a rien vu, rien entendu ».

Troisième temps, le temps du deuil. Yonathan est bien mort, mais pas de la façon qui avait été annoncée au début. Il est mort dans un accident de la voiture militaire qui le ramenait à sa famille, suite à l’insistance de son père pour connaître la vérité. Michael du coup se sent responsable de la mort de son enfant. Dans ces instants où le couple surmonte cette douleur, Michael dévoile à son épouse un terrible secret qui le mine depuis longtemps, ce qui a pour effet de pacifier leurs relations.

Michael explique, ente deux pétards, ce qu’est le fox trot, une danse en carré qui fait toujours revenir sur ses pas à son point de départ, enfermant le danseur et sa partenaire, dans un carré. C’est un film déroutant, en particulier celui du « deuxième temps », complètement surréaliste dans cette partie du désert où les couleurs ocre dominent, où les couchers de soleil brûlent l’horizon, où les hommes tels des caméléons se fondent dans le paysage. Et puis, il y a l’absurdité de ce check-point dont on se demande bien ce qu’il peut contrôler. En toile de fond Tsahal, toujours là, organisant la vie et la mort des citoyens, et puis les secrets des origines qui empoisonnent la vie présente. Un film qui imprime ses images dans l’esprit qu’il questionne fortement. »

Charles Gaubert. 

Cinéma les Halles

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